Le sabot de Vénus

Le Sabot de Vénus

                     Certains d'entre-vous ont pu voir côté espagnol, vers Salent de Gallego, cette magnifique plante surveillée en permanence par un garde , car cette plante devenue rare est protégée.

                     Plante de demi-ombre cette fleur s'épanouit là où la lumière s'atténue ; son nom vient de l'aspect de la fleur qui rappelle la pantoufle d'or que portait la vierge Marie lors d'une apparition à une bergère qui gardait son troupeau dans les Alpes ; on l'appelle encore pantoufle de Notre-Dame.

                    Cette beauté de la nature présente des particularités dans son mode de vie : elle met 8 à 15 ans avant de fleurir, un peu comme la grande saxifrage que l'on voit accrochée aux parois calcaire ; ensuite les graines ne peuvent germer qu'au contact de filaments mycéliens (champignon) présents dans l'humus environnant .

                    La pollinisation des fleurs est assurée par une toute petite abeille ; la fleur produit un parfum très volatil, qui rappelle celui qu'émet le mâle de notre insecte ; ainsi attirée par l'odeur alléchante, la femelle en se posant sur le labelle, glisse et tombe dans le fond de la corolle ; chargée de pollen, l'insecte remonte par des stuctures en forme de piège, et en sortant, dépose son paquet de pollen sur la partie femelle de la fleur ; donc pas de petite abeille, pas de fécondation et plus de cette beauté qui se fait rare..! Alors protégeons nos petites et grandes abeilles de tous ces insecticides qui polluent notre environnement !

                      Ainsi les relations entre la plante, la lumière, le champignon, l'humus, l'insecte constituent un mini écosystème !

 

                      Voilà un petit poème dédié à cette fleur mythique :

                             Venus, un soir d'été, par l'orage surprise,

                                    Egara dans le bois son riche brodequin,

                                    Broché d'or et de pourpre et dont la forme exquise

                                    Semblait l'oeuvre de choix du plus adroit des lutins.

 

                                    Un mortel le trouva qui crut avoir affaire

                                    A quelque précieux et magique trésor ;

                                    Mais dès qu'il l'eut touché de sa main téméraire,

                                    Il vit s'évanouir le petie sabot d'or.

 

                                    Et voici qu'aussitôt un fleur gracieuse

                                    Poussa, fraîche et brillante au milieu du gazon ;

                                    Et des dieux de chanter la grâce merveilleuse

                                    Que le sabot divin prit en sa floraison.

            D'après : Flore des pyrénées de Marcel Saule, édit Milan

                         Flore alpine de Henry Corredon, édit Delachaux et Niestlé

                         Fleurs des alpes,Parc nat des Ecrins, édit Libris